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Aujourd'hui, mon esprit généalogique m'emmène à Esserval-Tartre, le 17 décembre 1869, pour un petit brin de causette avec mon quadrisaïeul. François Eusèbe est né le 8 décembre 1820 à Esserval. Sixième enfant de Jean Claude et de Marie Pierre GOISSET, il grandit avec cinq sœurs (au total, le couple avait eu onze enfants, trois garçons et huit filles). Il est au bois avec ses trois garçons.
- Bonjour François Eusèbe, je suis Aline, une de vos descendantes. Je viens vous voir aujourd'hui pour que mes lecteurs en apprennent plus sur vous.
- Bonjour Aline, on m'a parlé de toi, j'espèrais que tu viennes me rencontrer également.
- Je parie que c'est votre beau-père, Pierre Valentin DELORME, qui vous a raconté ma rencontre avec son père.
- Exactement, son père lui avait relaté cette histoire. Quand il a su que Marie Césarine et moi voulions nous marier, il a tout de suite fait le rapprochement et compris que cette descendante DOLE qui s'intéressait à l'histoire familiale serait issue de notre union. Dommage qu'il ne soit plus là pour te voir.
- J'aurai l'occasion d'aller le voir lui aussi.
J'ai pu lire tous les actes que vous avez rédigés quand vous étiez maire d'Esserval entre septembre 1856 et 1860. C'est grâce à tous ces écrits que je peux garder en mémoire tous les noms de ceux qui constituent mes racines.
- C'est très intéressant de savoir que ces documents seront conservés très longtemps et voyageront dans le temps. J'ai été nommé maire par le préfet en 1856 pour succéder à Jean Joseph MASSON. En 1860 ont eu lieu les élections municipales, je n'ai pas voulu me représenter, je n'avais pas assez de temps entre la ferme et ma famille. C'est très compliqué de tout concilier : en tant que maire, j'avais le pouvoir absolu sur la gestion de la commune.
- Avec les conseillers vous voulez dire ?
- Non, les conseillers ne sont consultés que lorsque c'est nécessaire, ce n'est pas comme ça à ton époque ?
- Non, au vingt-et-unième siècle, la politique a évolué, le maire prend les décisions avec les conseillers et n'assure pas toute la gestion de la commune, certains points sont décidés plus haut dans la hiérarchie.
- C'est une belle évolution car au moins ce sont des décisions collectives. Ici, j'ai été critiqué pour certains choix que j'ai pu faire. Dans ce petit village dont beaucoup sont mes cousins, ou que je connais depuis mon plus jeune âge m'ont tourné le dos à certains moments. D'autres fois, on m'a remercié pour des initiatives. Ce n'est pas vraiment évident, même pour une petite commune : gérer les bois, les parcelles, les impôts … Je plains les maires des grandes villes. Je préfère m'occuper de mes terres, seul avec la nature, et profiter de ma femme et mes enfants. Regarde, les voilà qui arrivent. Ça doit être l'heure du souper.
En effet, deux jeunes enfants approchent.
- Papa, Jules, Joseph, Victor, maman nous envoie vous chercher, le repas va être servi, dit la petite fille.
- Laissez moi deviner, ce sont Emile et Maria.
- Bravo !
Les trois grands courent et attrapent leurs frère et sœur. Celà me fait tout drôle d'avoir Joseph Félicien DOLE devant moi (grand père de mon grand père), je ne l'avais vu qu'en photo et beaucoup plus âgé.
- Allez les enfants nous rentrons sinon votre mère va encore nous sermonner. Aline, accompagne-nous, tu pourras rencontrer toute la famille comme ça.
Arrivés dans leur maison, les plus petits sont déjà assis à table. François installe une caisse en bois et s'assoit dessus pour me laisser sa chaise.
- Marie, je te présente la fameuse Aline dont ton père nous avait parlé.
- C'est donc vous, mon grand-père n'était donc pas fou. C'est vous qui connaissez toute notre vie dans les moindres détails !
- Je connais un peu votre vie oui mais que ce que les actes ou les journaux m'ont révélé.
Les enfants les plus jeunes mangent sans même prêter attention à notre conversation. Les plus grands par contre sont très intéressés et écoutent avec attention tout ce qui se dit.
- Tu connais donc tous nos enfants ! Et tu ne nous diras rien sur leur avenir je présume.
- C'est exact, nous risquerions de bouleverser beaucoup de choses. Tout ce que je peux vous dire c'est que le nom de Dole n'est pas prêt de s'éteindre et que vos descendants ne resteront pas tous sur Esserval.
- J'espère bien que sur mes dix enfants, beaucoup auront à leur tour la chance d'être parents.
- Il se fait tard, merci pour ce souper. Il est l'heure pour moi de retourner à mon époque. Je vous souhaite de passer un joyeux noël. Nous nous reverrons plus tard, quand vos enfants auront grandi.