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A la rencontre de nos ancêtres

Nous sommes les gardiens de notre Histoire, la généalogie permet de ne pas oublier d'où l'on vient et ce que l'Histoire a pu provoquer sur l'histoire de nos anciens. Quelle était la vie de nos ancêtres ? Vous découvrirez ici des présentations et des fragments de vie des aïeux de mes enfants.

RDV Ancestral n° 7 - Un altiligérien qui a su s'intégrer dans le Jura

Publié le 16 Avril 2022 par Aline DOLE in RDV Ancestral, DELORME

Entre 1775 et 1785, Jean Claude DELORME est parti d'Yssingeaux pour s'installer à Boucherans avec son cousin Jean-Pierre CHEVALIER. A cette époque, les conditions de vie étaient très difficiles dans le Velay et même dans la Haute-Loire en général, nous l'avions déjà vu lors d'un précédent rendez-vous ancestral lorsque nous avions rencontré un ancêtre scieur de long.

Jean Claude et Jean Pierre sont donc venus travailler dans les mines de fer jurasiennes. 

Itinéraire approximatif qu'a dû parcourir Jean Claude

Itinéraire approximatif qu'a dû parcourir Jean Claude

Les archives d'Yssingeaux présentant beaucoup de lacunes, il m'a été difficile de remonter dans leur ascendance. Allons donc à la rencontre de cet ancêtre pour qu'il nous en apprenne plus sur lui. 

RDV Ancestral n° 7 - Un altiligérien qui a su s'intégrer dans le Jura

18 avril 1802 - Boucherans

 

 

J'arrive devant chez Jean Claude avec ma besace pour écrire mes notes. Très important pour un généalogiste, toujours écrire les anecdotes, des dates, des noms ...

Je n'entends aucun bruit, on dirait qu'il n'y a personne. Soudain, j'entends les cloches de la chapelle résonner. Mais oui, bien sûr, nous sommes dimanche, ils sortent de la messe. Je vais l'attendre sur le banc en bois devant la maison.

Le voilà qui arrive avec sa petite famille. Ils ont tous mis leurs habits du dimanche. Jean Claude marche aux cotés de son épouse, Marie Reine GREVET, leurs deux filles gambadant devant eux, Marie Félicité, 3 ans et Marie Xavière, presque 2 ans. A ce moment, Marie Reine est enceinte de leur troisième enfant, mon ancêtre direct. 

 

- Bonjour Madame, cherchez-vous quelqu'un ? me lance Jean Claude d'une voix forte, pendant que son épouse agrippe leurs deux fillettes. 

- Bonjour, c'est justement vous que je cherchais monsieur et madame DELORME. 

- Jean Claude, connais-tu cette personne, est-ce quelqu'un de ta famille ? 

- Je m'appelle Aline, je suis de votre famille à tous les deux mais vous ne me connaissez pas. Je ne viens pas d'Yssingeaux mais d'une autre époque. Mon histoire va vous paraître farfelue mais je suis une de vos descendantes. Je fais des recherches sur mes ancêtres pour qu'ils restent dans nos mémoires. Aujourd'hui, ma plume magique m'a conduite à vous. 

-Quelle est donc cette histoire ? Marie Reine, rentre à l'intérieur avec les filles. Celle-ci s'exécute et pousse les fillettes dans la maison. Celles-ci se mettent à pleurer car elles voulaient cueillir des pâquerettes. 

- Mademoiselle, quelle est cette histoire ridicule que vous me racontez ? Je n'ai pas de temps à perdre ? Vous êtes vous cogné la tête ? Dois-je faire venir le médecin ?  Où habitez-vous, je vais vous ramener dans votre foyer ? 

- Rassurez-vous ma tête va bien. Je sais que je peux vous paraitre folle en ce moment mais laissez-moi vous prouver mes dires. 

- Dépêchez-vous alors, mon repas va refroidir. 

- Voici ce que je sais sur vous : vous êtes arrivés d'Yssingeaux avec votre cousin, Jean-Pierre CHEVALLIER, entre 1775 et 1785 pour tenter une vie meilleure en travaillant dans les mines de fer. Votre vie était si rude en Haute-Loire. A votre arrivée, vous avez été hébergés par les frères Millet. 

Je sens que Jean Claude perd patience. 

- Ce que vous me dites, beaucoup le savent déjà ici. 

- Laissez-moi continuer ! Vous avez 45 ans, votre épouse attend votre troisième enfant, qui pour information sera mon ancêtre direct. Vos parents s'appelaient Joseph Delorme et Marie Maleysson, ils sont décédés tous les deux à Veirac. 

Vu son regard ébahi, je crois que cette fois je l'ai captivé. L'échange verbal va pouvoir être plus serein. 

 

- Vous me laissez sans voix. Je n'ai plus guère de nouvelles de mes frères et sœurs. Quand je suis parti, mon frère Jean était sur le point de se marier. Venez partager notre repas, nous pourrons converser plus longuement. Et si on n'entre pas tout de suite, mon épouse va se mettre en colère. 

Nous entrons, Jean Claude résume tout à Marie Reine. Celle-ci rajoute un couvert et m'invite à m'assoir. 

Les petites filles me regardent, amusées. Elles n'ont pas l'habitude de voir des étrangers. Dans les petits villages comme celui-ci, tout le monde se connait. 

- Alors, racontez nous. 

- Grâce à votre mariage à tous les deux, j'ai réussi à remonter une de mes branches altiligériennes, vos parents, certains de vos frères et sœurs même si toutes ces informations sont encore un peu floues. Vous vous êtes mariés il y a quatre ans, personne de votre famille n'a pu venir, celà n'a pas été trop dur ? 

- Vous savez, quand je suis parti d'Yssingeaux, je savais que je disais adieu à ma famille. Je suis parti, j'avais 20 ans, maintenant j'en ai 45. Mes parents étaient décédés quand nous nous sommes mariés, le 13 mars 1798. Mes frères et sœurs ont surement tous de belles familles. Mon cousin, Jean-Pierre, était décédé depuis quatre ans. Ma famille, maintenant, c'est ici, dans le Jura. Mes témoins de mariage sont les frères Millet, Michel et Jacques, qui m'avaient hébergés quand je suis arrivé et qui sont devenus comme des frères pour moi, puisque jusqu'à mon union, j'ai vécu chez eux. Les frères et sœurs de Marie Reine sont devenus les miens. Nous avons deux filles en bonne santé. 

- On peut dire que c'est un mariage d'amour entre vous et non un mariage de raison ? 

- Oui, j'avais remarqué Marie Reine depuis quelques années mais elle n'avait pas 21 ans, ses parents étaient décédés donc nous avons décidé d'attendre sa majorité. Et en plus, je n'avais pas assez d'argent pour construire un foyer convenable. 

- Et moi, je le regardais passer tous les jours entre chez lui et la mine, espérant qu'il partage mes sentiments.

- Dites moi, Aline, savez-vous ce que sont devenus mes frères et sœurs ? 

Je sors une frise chronologique de ma besace en faisant attention de cacher tout ce qui est postérieur à la date d'aujourd'hui. 

RDV Ancestral n° 7 - Un altiligérien qui a su s'intégrer dans le Jura

- Magnifique, mes frères et ma sœur ont tous leur petite famille. Je suis tellement heureux pour eux. 

- Et encore, je n'ai pas terminé mes recherches. Elles s'avèrent difficiles mais j'y arriverai et je reviendrai vous voir à ce moment pour tout vous raconter. 

- Merci, ça me touche vraiment. J'espère que nous vous reverrons très vite.

- Je vais devoir vous laisser, j'ai encore d'autres ancêtres à rencontrer. En tout cas, c'est vous qui m'avez permis de dire à vos descendants du vingtième siècle que nous ne sommes pas de purs jurassiens. Merci pour ce délicieux repas et ce moment de partage. 

- A bientôt Aline. 

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C
Quel dynamisme dans la rencontre !
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D
j'ai beaucoup aimé l'ambiance inquiète de la mère qui rentre ses petits, c'est très bien décrit.
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merci, il faut jouer avec les émotions. Comme maintenant, un inconnu qui arrive, on reste méfiant.
V
super RDV
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merci mais il n'est pas à la hauteur de mes espérances
C
Quel beau rendez-vous !
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merci mais je trouve qu'il manque quelque chose