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19 mars 1856.
Me voici projetée par mes recherches devant l'église de Serley, village de la Bresse louhannaise, en Saône et Loire. En 1856, on compte 1171 habitants.
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Beaucoup de personnes sont réunies pour célébrer l'union entre Claude Marie BILLOT et Marie RICHARD. Ils sont déjà passés devant le maire de Serley juste avant et devant le notaire ce matin pour acter un contrat de mariage.
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En attendant la fin de la cérémonie, revenons sur leur vie avant mariage.
Claude Marie BILLOT
Fils de Claude BILLOT et de Marie BILLOT, cultivateurs, il est né le 16 mai 1831 à Serley. Il grandit avec 2 sœurs et 1 frère plus âgés. Claude Marie est le cadet de la fratrie.
Entre janvier 1840 et juillet 1841, il assiste au mariage de sa sœur ainée, Marie, mais aussi au décès de sa mère et de sa deuxième sœur, Claudine, qui a alors 18 ans.
Son père décède alors qu'il a 16 ans, il se retrouve alors orphelin.
Marie RICHARD
Fille de Claude RICHARD et Marie FEBVRE, elle est née à Saint-Bonnet-en-Bresse (Saône et Loire) le 5 août 1832. Elle est arrivée à Serley alors qu'elle était encore un tout petit bébé, sa mère étant originaire de ce village. Marie est l'aînée d'une fratrie de neuf enfants, elle a 4 sœurs et 4 frères. 2 d'entre eux décèdent à 4 et 6 ans, Claude et Anne.
Les cloches de l'église résonnent, les fiancés sont unis par les liens sacrés pour la vie.
Pour l'instant, l'amour entre eux ne se voit pas beaucoup même s'ils sont heureux de ce mariage. Ils apprendront à s'aimer tout au long de leur vie à deux.
Les mariés et leurs familles se dirigent vers la ferme de Claude Marie, là où un festin les attend. Les parents de Marie les entoure, ainsi que ses frères et sœurs. Du coté de Claude Marie, je vois son frère, sa sœur avec son mari, ses deux nièces et son neveu. C'est drôle, ces derniers ont l'âge des frères et sœurs de Marie. Du coup, ils rigolent bien ensemble, étant donné qu'ils habitent ce même village, ils se voient tout le temps.
Tous les hommes et les tourtereaux prennent place autour des grandes tables en bois.
Je m'approche enfin du couple avec mon carnet de notes (pour être plus dans l'accent bressan, n'oubliez pas, chers lecteurs, de lire les propos de mes interlocuteurs en roulant les R) .
« Bonjour à vous deux, je tenais à vous féliciter pour votre mariage.
- Bonjour, me répond Claude Marie, merci mais on s'connait ?
- Moi, je vous connais mais pour vous je suis encore une inconnue. C'est une très longue histoire, je suis de votre famille, je m'appelle Aline et je suis de passage dans le coin, je tenais donc à vous féliciter. Vous avez une bien belle famille. Ils paraissent tous heureux de votre mariage.
- Sete te don (Assieds-toi donc en patois bressan) et raconte nous.
- Je m'appelle Aline, je suis une de vos descendantes et j'aime rencontrer mes aïeuls pour en apprendre plus sur leur vie.
- Quelle histoire ! mais dis moi alors ma p'tite, qui connais-tu autour de cette table ?
- A côté de Marie, ce sont ses parents, Claude et Marie. A votre droite, il y a votre frère Claude, votre sœur Marie qui est en train de servir le festin et son époux, François, qui était également votre témoin. Entre vos neveux et les frères et sœurs de Marie c'est plus compliqué pour moi. Pour les trois premiers, je pense sans vraiment me tromper qu'il s'agit de Denise qui amène les plats vers Jacques et Denis, les frères et sœur les plus âgés de Marie. Là où j'ai un gros doute ce sont les 6 autres enfants.
- Tu as la Pierrette, la Marie Louise et le François, les plus jeunes des enfants du Claude et de la Marie, qui sont assis vers le Denis. En face d'eux, tu as les trois p'tiots de ma sœur : la Jeanne, la Philiberte et le Claude.
- Pierrette, tu peux amener une assiette pour notre invitée. Elle va partager notre repas. Sers là en poule au pot et en cud'poulot (pommes de terre).
Pierrette s'exécute et me sert.
- Eh bin, tu t'en es bien sortie. Bienvenue dans la famille.
La tablée est emplie de rires. Ils sont tellement heureux de sortir de leur quotidien, si dur à cette époque. N'oublions pas qu'au niveau international, nous sommes dans la fin de la Guerre de Crimée. Certains de leurs proches sont sûrement encore en train de se battre là-bas.
- Ecoutez tous, s'écrie soudain Claude Marie, notre mariage est une bénédiction, nous avons reçu une visite divine d'une arrière arrière petite fille.
- Arrête vite le vin le Claude, c'est pourtant pas le soleil qui cogne sur ta tête, lui lance son beau frère.
- Je vous assure, demandez lui, elle connait toutes les dates de naissance et les prénoms de tous ceux qui sont là. Et vous me connaissez, je n'ai pas pu l'aider à ce sujet, j'ai déjà du mal à retenir la mienne.
Le père de Marie se lève et vient vers moi, l'air sérieux.
- Eh bin ma p'tite, dis moi qui je suis.
- Avec plaisir ! Claude RICHARD né en 1808, vous avez donc 47 ans. En 1831, vous avez épousé Marie FEBVRE, assise à coté de votre fils Denis. Vos parents s'appelaient Jacques et Marie. Avec votre épouse, vous avez eu 9 enfants mais vous en avez perdu deux très jeunes.
- Eh bé, je suis scié là. Marie sert moi un verre, j'ai la gorge sèche d'un coup.
Tous s'approchent de moi, ils veulent tous en savoir plus , notamment sur leur avenir. Mais je ne peux leur répondre sous peine de modifier leur futur et peut être même le mien. Et pour certains, comme Marie Louise, l'avenir ne se résumera qu'à quelques années. Ouf, Claude Marie reprend la parole.
- Allez, retournons festoyer, nous avons du boulot après.
- Et moi, je vais devoir repartir pour de nouvelles aventures.
- Avant de repartir, prends le dessert avec nous.
Pierrette me sert un morceau de tarte.
- C'est délicieux. Pouvez vous me donner la recette ?
Et là Marie, la nouvelle épouse, s'empresse de prendre la parole :
- Mais bien sûr, ainsi tu garderas notre rencontre en mémoire quand tu prépareras cette tarte avec ta famille. C'est une tarte au quemeau (fromage blanc en patois bressan). Il faut que tu prépares d'abord une pâte à tarte brisée. Ensuite pour la garniture, il te faut un demi litre de lait, 75 grammes de semoule, 40 grammes d'amidon de maïs, 120 grammes de fromage blanc et 3 œufs. Tu fais bouillir ton lait avec le sucre et tu ajoutes la semoule, tu laisses cuire tout doucement pendant 5 minutes. Tu laisses tiédir et tu ajoutes le fromage blanc, l'amidon de maïs et les jaunes d'œuf. Tu remues jusqu'à ce que tu aies une crème bien lisse. Tu bats les blancs d'œuf pour qu'ils se tiennent bien et tu les ajoutes avec amour. Tu mets tout ça sur ta pâte à tarte et tu cuis dans le four jusqu'à ce que ce soit doré.
- Merci beaucoup Marie, je repars avec beaucoup de choses à raconter. Merci à tous d'avoir partagé cette magnifique journée avec moi.
- Bon retour et prends soin de toi. »
Je repars avec des anecdotes à écrire, une histoire à raconter.
Rendez-vous le mois prochain pour une nouvelle aventure avec nos ancêtres.