Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
A la rencontre de nos ancêtres

Nous sommes les gardiens de notre Histoire, la généalogie permet de ne pas oublier d'où l'on vient et ce que l'Histoire a pu provoquer sur l'histoire de nos anciens. Quelle était la vie de nos ancêtres ? Vous découvrirez ici des présentations et des fragments de vie des aïeux de mes enfants.

RDV Ancestral n° 5 - De fille de cultivateurs à femme de gendarme

Publié le 19 Février 2022 in BOUCHET, RDV Ancestral

Pour mon cinquième rendez-vous ancestral, j'ai décidé d'aller à la rencontre d'une femme à nouveau. On sait peu de choses sur les femmes à travers les actes. Elles sont souvent marquées comme sans professions ou alors avec la profession du mari.

Direction le Jura toujours, me voilà propulsée le 23 janvier 1862, un bond de 160 ans en arrière, devant la caserne de gendarmerie de Nozeroy. Olimpe Célestine BOUCHET fête ses 30 ans aujourd'hui et dans huit mois, elle accouchera de son premier (et unique) enfant. Son mari, Pierre Célestin TOURNIER, est gendarme à cheval.

Je suis devant la porte de leur appartement. Je respire profondément, pleins de questions trottent dans ma tête. Je frappe, un homme en uniforme, l'air sérieux, m'ouvre. 

- Bonjour, en quoi puis-je vous aider ? 

- Bonjour, je suis Aline, je viens voir Olimpe.

- On ne s'est jamais vus ? Vous n'êtes pas de Nozeroy ? 

On sent bien le gendarme qui parle, il a toujours son air sérieux. Ça va être compliqué de lui faire comprendre que je viens du futur. Les cellules de dégrisement ça existe en 1862 ou alors il va demander directement mon internement en hôpital psychiatrique ? Le stress monte...Je vais être obligée de lui mentir pour pouvoir parler à son épouse. Une fois que j'aurai tâter le terrain, je pourrai le rencontrer personnellement lors d'un prochain rendez-vous ancestral. 

- C'est vrai, je suis une amie de votre épouse, j'arrive de Longwy, son village natal. 

- Oh mais qu'elle agréable surprise, elle va être tellement heureuse. Olimpe, t'as entendu ça ? dit-il en se retournant, tu as de la visite d'une amie de Longwy. 

- Oh mais fais la entrer, quel plaisir d'avoir une visite.

Pierre Célestin me fait signe d'entrer.

- Je dois partir travailler mais j'espère vous voir à mon retour. Bonne journée à vous deux. 

- Bonne journée également. 

Olimpe est assise dans son fauteuil en train de coudre. Elle me regarde bizarrement, forcément elle ne me reconnait pas. Pourvu qu'elle ne hurle pas pour alerter tous ces gendarmes ! Je prend vite la parole avant qu'elle ne le fasse. 

- Bonjour Olimpe, je m'appelle Aline. Tout d'abord, je tenais à vous souhaiter un bon anniversaire. Vous avez trente ans aujourd'hui. Ce que je vais vous annoncer va vous paraître fou, mais je suis votre descendante. Votre premier enfant aura comme petit-fils mon grand-père. J'avais peur que votre mari, mon ancêtre, me prenne pour une folle et me mette en prison donc j'ai inventé cette amitié pour passer un moment à discuter avec vous. 

Elle me regarde, la bouche grande ouverte, je crois que je l'ai perdue quand je lui ai dit que j'étais sa descendante. Et tout d'un coup, elle passe de l'étonnement au fou rire.  

- Qu'est ce que vous me racontez ? Je suis tellement épuisée que j'ai dû m'endormir. Quel rêve étrange ! Quand je vais me réveiller et que je vais raconter ça au Pierrot, il va me prendre pour une folle. 

Curieuse, elle m'invite à m'asseoir à la table rectangulaire, placée contre le mur entre la seule fenêtre de la pièce et le poêle à bois. Elle sait qu'au moindre problème, elle peut avoir de l'aide rapidement.

- Vous me semblez familière, quelque chose en vous me rappelle ma famille. Je ne saurais dire ce que c'est. Dites moi, qu'est ce qui vous amène ici ? 

- Eh bien voilà, j'effectue des recherches sur ma famille, car je ne veux pas qu'on oublie d'où l'on vient. Donc tous les mois, je vais à la rencontre d'un ancêtre. Cette fois, c'est avec vous que je souhaitais bavarder. 

- Moi, mais pourquoi ? Je ne suis qu'une simple femme qui n'ai pas grand chose à raconter. Vous savez, à la campagne, notre vie n'a rien d'extraordinaire. 

- J'aimerais en apprendre d'avantage sur votre vie, votre enfance, votre vie de femme. Vous avez quitté la ferme familiale pour suivre votre mari dans une caserne de gendarmerie. 

- Pour commencer ma petite fille, tu vas me tutoyer, j'suis pas née de la cuisse de Jupiter.  Par quoi veux tu que je commence ? 

- Commençons par ton enfance. Je sais que tu es née le 23 janvier 1832 à Longwy mais peux tu me dire comment s'est passée ton enfance ? 

Acte de naissance d'Olimpe

Acte de naissance d'Olimpe

- Tu sais, j'ai grandi à Longwy avec mes deux frères : Amédé et Charles. Notre papa est décédé quand j'avais 10 ans. Le Charles en avait que 3, il a donc fallu que j'aide maman pendant qu'elle s'occupait de la ferme. Elle s'est remariée 2 ans après avec Claude MEUGIN. Nous avons eu une bonne éducation. D'ailleurs, mon frère Amédé est instituteur. 

Tout en parlant, elle se lève et nous sert un verre d'eau et une part de tarte aux pommes. 

- J'ai rencontré Pierre lors d'une de ses rondes à Longwy, il était gendarme à cheval au Deschaux. J'ai su, avant qu'on se marie, que je ne resterais pas vers ma famille. Il devait venir s'installer dans la brigade de Nozeroy.

75 kilomètres séparent ces deux communes, autant dire qu'avec les moyens de locomotion de l'époque, elle n'allait pas pouvoir rendre visite à sa mère et à ses frères régulièrement. 

 

Nous nous sommes mariés il y a 2 mois à Longwy, puis nous avons déménagés peu après à Nozeroy. Ça a été très dur de quitter ma famille, ma mère et moi avons beaucoup pleuré mais Pierre ne pouvait pas reporter son départ. Nous nous sommes donc installés ici. Les femmes de gendarmes sont vraiment très gentilles, elles m'ont tout de suite accueillie. 

Avec Pierre, nous espérons que le Seigneur nous donne la joie d'avoir des enfants. Mes parents ont mis longtemps pour moi, je suis née huit ans après leur mariage. 

Tu es la preuve que nous aurons des enfants et je te remercie d'être venue me voir, je ne sais comment. 

 

A ce moment là, Olimpe ne se doute pas que d'ici quelques jours, un bébé va grandir en elle. Sa fille naîtra le 30 septembre 1862. Malheureusement, elle sera son unique enfant car Olimpe décèdera le 23 février 1864. 

- Merci beaucoup pour ce moment partagé Olimpe. C'était un réel plaisir de bavarder ensemble. 

- Merci à toi, veux-tu rester souper avec nous ? 

- Ce serait avec plaisir mais je suis attendue ailleurs. Mais peut-être reviendrai-je vous voir à un autre moment. 

- A la r'voyotte ma petite fille, reviens nous voir quand tu veux. 

- Au revoir Olimpe. 

Commenter cet article
F
Le charme et la prestance du gendarme â cheval ! J'ai un arrière-grand-père qui exerçait cette fonction.
Répondre
il faut que je me renseigne sur son parcours mais pour celà je pense que je dois me rendre aux archives
C
Bravo pour ce rendez vous, j'adore les mensonges que l'on doit inventer pour pénétrer chez nos ancêtres !
Répondre
oui, ils nous feraient interner si nous leur disions qu'on vient du futur.