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A la rencontre de nos ancêtres

Nous sommes les gardiens de notre Histoire, la généalogie permet de ne pas oublier d'où l'on vient et ce que l'Histoire a pu provoquer sur l'histoire de nos anciens. Quelle était la vie de nos ancêtres ? Vous découvrirez ici des présentations et des fragments de vie des aïeux de mes enfants.

Rdv Ancestral n° 2 - Antoine FOUCHERAND, scieur de long

Publié le 20 Novembre 2021 par Aline DOLE in RDV Ancestral, FOUCHERAND, PRESUMEY

En effectuant des recherches sur les ancêtres de ma maman, j'ai découvert ce métier : scieur de long. 

Propulsons nous en novembre 1830, à la rencontre d'Antoine FOUCHERAND (sosa 234), arrière grand-père d'Augustine Valentine PRESUMEY. 

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J'arrive à Sens sur Seille, village de Saône et Loire. Je quitte le village en direction de Visargent pour aller là où se trouvent les scieurs de long : le lieu-dit Bois-de-Long. A notre époque, il ne reste plus rien dans ce lieu en lien avec le métier d'Antoine, ce sont des maisons et des champs. 

Ils sont nombreux dans cette forêt face à moi, comment vais-je trouver mon ancêtre. Je n'ai aucun indice sur son physique. 

- Bonjour à tous, je cherche Antoine FOUCHERAND, pourriez-vous m'indiquer où je pourrais le trouver ? dis-je à 2 hommes qui tiennent une grande scie. 

Ils s'arrêtent et l'homme debout sur l'énorme tronc me montre mon aïeul. 

Il est en plein labeur, sûrement avec ses amis Jean DEMORRE et Pierre GIROT, qui seront les témoins de son premier mariage. Je vais attendre qu'il ait terminé son tronc pour l'interpeler. 

- Bonjour messieurs, pardonnez-moi de vous déranger mais j'aimerais m'entretenir avec Antoine FOUCHERAND. 

On me regarde avec des yeux grands ouverts. En 1830, il est plutôt rare de voir une femme venir sur le lieu de travail des hommes. 

- C'est moi, à qui ai-je l'honneur ? 

- Je m'appelle Aline, mon histoire va vous paraître farfelue et vous allez me prendre pour une personne folle, mais voilà je viens d'une époque future et je suis votre descendante. J'aimerais en apprendre plus sur vous.

Il me regarde, ébahi, rit, puis finalement me répond : 

- Comment celà pourrait-être possible, je n'ai encore pas trouvé d'épouse ? 

- Je sais plusieurs choses sur vous que seuls vos amis savent : vous êtes auvergnat. Vous êtes né à Saint Pal de Chalençon le 28 juin 1804. Votre père se prénommait François, il est décédé quand vous aviez 8 ans. Il exerçait le même métier que vous et venait ici tous les ans, vous laissant avec votre mère et vos frères et sœurs. Votre mère s'appelait Alix MAILLARY, elle est décédée quand vous aviez 14 ans.

Il commence à bien m'écouter, son regard change, un mélange de peur et de curiosité. 

- Ce n'est pas possible, on ne peut pas voyager comme ça dans le passé. Vous êtes une sorcière ? 

A mon tour de rire :

- Non je n'ai pas de don pour la sorcellerie, ne me mettez pas sur le bûcher même si vous avez tout ce qu'il faut pour en fabriquer un magnifique. Les actes qui sont remplis dans les maisons communes et dans les églises ne sont pas écrits pour rien, ils permettront à vos descendants de garder une trace écrite de votre passage sur cette Terre, de pouvoir se souvenir de vous, même 200 ans plus tard. 

- Impressionnant, moi qui ne sait ni lire ni écrire, je regrette maintenant. Quand j'aurai des enfants, je pourrai leur expliquer l'importance d'apprendre ces bases. D'ailleurs dis moi, tu as dit que tu étais ma descendante, j'aurai donc des enfants, combien en aurai-je ? et mon épouse, quand vais-je la rencontrer ? 

- Désolée mais je n'ai pas le droit de répondre à ces questions, je dois vous laisser la surprise de découvrir tout ça. Et aujourd'hui, c'est moi qui suis venue vous interroger de toute manière. Donc à vous de me répondre à toutes mes questions. 

- Je suis tout ouïe, que veux-tu savoir ? 

- Je voudrais en apprendre plus sur votre métier, en quoi il consiste ? Comment votre père et vous êtes vous arrivés à faire ce métier ?

- Mon père était cultivateur en Haute-Loire, mais tu sais en montagne, il n'y a pas de travail pendant l'automne et l'hiver. Donc après la moisson, il partait avec un groupe d'amis à la recherche de travail pour subvenir aux besoins de leur famille. On leur a proposé ce labeur, ils ont accepté et donc tous les ans, ils venaient à la même période.

Je n'ai pas beaucoup connu mon père. J'avais 8 ans quand il est décédé et je le voyais 6 mois dans l'année. Mon frère a repris la ferme de mes parents. J'avais beau être petit, j'écoutais toujours les histoires de mon père quand il revenait à la maison. Il aimait cet endroit, j'ai donc pris mon baluchon et je suis venu m'installer ici. Je n'ai plus de nouvelles de mon frère, je ne sais pas écrire, je ne peux donc pas lui donner de mes nouvelles et prendre des siennes. Je ne sais pas s'il a fondé une famille. Je n'ai plus que lui pourtant. Mon frère et ma sœur cadets sont décédés un an après la mort de notre mère. La vie est tellement dure là bas que je ne veux pas y retourner. 

Ici, nous sommes comme une famille, nous passons nos journées ensemble. Beaucoup viennent de loin, comme moi, et n'ont pas encore de famille à eux. Certains vivent comme mon père, 6 mois ici, 6 mois en Auvergne.  Nous avons un livret d'ouvrier, que nous devons faire signer par le maire de notre commune avant de partir chercher fortune ailleurs. Nous devons lui dire où nous comptons nous rendre.  Si nous n'avons pas ce livret, nous pouvons être arrêtés comme vagabonds. Ensuite c'est notre patron actuel qui garde ce livret, pendant tout le temps où nous travaillons chez lui. 

Notre métier de scieur de long consiste à débiter des longs morceaux de bois qui ont été coupés par les bûcherons. Nous en faisons des planches, des poutres, des chevrons ou des traverses pour les chemins de fer. Nous travaillons par groupes de 3 : le chevrier est celui que tu vois là-bas debout sur le tronc, ensuite le renard est celui qui est en bas et aide à monter et descendre la scie à quatre mains. Le doleur, lui, rend carré le tronc rond, la bille, c'est aussi lui qui dirige toutes nos équipes. Nous posons le gros tronc à façonner sur un énorme trépied qu'on appelle la chèvre. 

C'est un métier très dur et éreintant. Le chevrier a souvent des douleurs dans le dos, au niveau des reins. Le renard, lui, a plus des problèmes aux yeux car il se prend beaucoup de sciure sur le visage. 

Ai-je répondu à ton interrogation ? 

- Oui je vous remercie, c'est très clair pour moi à présent. 

-As-tu d'autres questions ? 

-Non, je pense que je vais vous laisser travailler mais je reviendrai vous voir quand vous serez marié pour en apprendre encore plus sur votre vie.  Au revoir, mon cher ancêtre. 

-Au revoir ma petite-fille, reviens me voir quand tu veux. 

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Quelle belle rencontre, il faut que je me procure ce livret d'ouvrier, il a dû être conservé aux archives départementales. 

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C
Un #RDVAncestral comme je les aime : une rencontre vive et des informations précises.
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Merci Catherine, je suis contente de voir que ça plait aux lecteurs
D
Bravo, on vit bien l'histoire défi réussi.
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Merci Dominique, je suis contente que ça plaise. J'ai mis du temps à trouver mon sujet du mois.