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A la rencontre de nos ancêtres

Nous sommes les gardiens de notre Histoire, la généalogie permet de ne pas oublier d'où l'on vient et ce que l'Histoire a pu provoquer sur l'histoire de nos anciens. Quelle était la vie de nos ancêtres ? Vous découvrirez ici des présentations et des fragments de vie des aïeux de mes enfants.

#RDV Ancestral n° 1 - Rencontre avec Alfred Albert BON - sosa 28

Publié le 17 Octobre 2021 par Aline DOLE in RDV Ancestral, BON

Tous les 3ème samedis du mois, les généablogueurs se transportent dans le temps pour aller dialoguer avec un ancêtre. Pour mon premier article, j'ai choisi un ancêtre que j'ai connu, plus facile pour débuter et romancer : mon pépé à la béquille. 

ALFRED ALBERT BON (1905-1996)

 

Aujourd'hui, je pars à la rencontre d'Alfred, mon arrière-grand-père maternel. J'arrive dans sa ferme, à Aumont, dans le Jura. Il est assis à table, son reste de soupe et son verre de rouge devant lui. Mon arrière-grand-mère, Valentine, a préparé des chaussons aux pommes. Nous sommes le 25 septembre 1996, c'est l'anniversaire d'Alfred, il a 91 ans. Beaucoup de ses enfants, petits-enfants et arrière sont venus lui souhaiter, certains viendront demain, d'autres appelleront plus tard. Nous aimons tous écouter leurs anecdotes, en même temps, ils sont nés au début des années 1900 donc ils en ont vu des choses. Il faut les imaginer parler en roulant les «R» étant donné qu'ils sont tous les deux bressans.

- Pépé, raconte moi ta vie !

- Tu sais Aline, ma vie n'a rien d'extraordinaire mais c'est difficile de résumer 91 ans comme ça.

- Où es tu né ? Comment était ton enfance ?

- Je suis né le 25 septembre 1905 à La Chaux, un bourg dans la Bresse de Saône et Loire. Mes parents étaient cultivateurs là-bas. Mon père s'appelait Joseph, il est décédé en 1924, quand j'avais 18 ans. Il n'avait que 49 ans.

Il avait épousé Marie Eugénie INSELIN le 15 mai 1897. Ma mère est décédée en 1954, à Châlon sur Saône, chez mon frère Lucien.

- As-tu des frères et sœurs ?

- Quand je suis né, mes parents avaient déjà 3 filles : Marthe qui est née en 1900, Marcelle, née en 1901 et Jeanne née en 1903. J'ai ensuite eu 6 frères et sœurs : Albertine, née en 1907, Auguste, né en 1908, Rose née en 1911 mais décédée à quelques mois, Lucien, né en 1914, Julienne née en 1916 et Alice née en 1923. Quand papa est décédé, tu vois, Alice n'avait que 5 mois, maman devait s'occuper et de la ferme et du bébé, heureusement nous étions tous là pour l'aider autant qu'on le pouvait. Papa et elle nous avaient tout appris dès le plus jeune âge. Avec Lucien, nous étions toujours en train de l'aider dans les labours, les semences, les récoltes. Nos sœurs nous aidaient aussi mais elles étaient surtout affairées avec maman à faire l'entretien de la maison, la cuisine, la couture.

Marthe et Marcelle étaient déjà parties de la maison au décès de papa.

Marthe avait épousé en 1919 le Jules GUILLEMIN. Ils sont restés vivre sur La Chaux et ont eu 2 enfants, Julienne en 1922 et René en 1927.

Marcelle a épousé, en 1921, Claude MERCEY, qui était machiniste. Ils sont partis s'installer vers la capitale où ils ont eu un fils en 1927, Bernard. Ils sont revenus s'installer dans les années 1940 vers Mont-Saint-Sulpice dans l'Yonne, mais nous ne nous sommes pas beaucoup vus malheureusement, on ne se déplaçait pas aussi facilement que maintenant. Ma sœur est décédée en 1953.

Quelques années plus tard, Jeanne a épousé Léon ROUX et ils se sont installés à Bellevesvre. Elle est décédée en 1987.

Albertine a épousé Marcel JACQUOT puis Henri CLERGET, elle est décédée à Villefranche-sur-Saone en 1992.

Lucien est décédé en 1985 à Chalon sur Saone.

Julienne a épousé Joseph François GUILLOT, ils ont eu 2 enfants.

- Parle moi maintenant de ta vie une fois que tu t'es marié !

- Moi, j'ai épousé ta merveilleuse «mémé», Augustine Valentine PRESUMEY, le 25 avril 1933 à Montjay, un village près de La Chaux. Nous nous sommes installés dans cette commune et nous avons eu 7 merveilleux enfants. Notre vie n'a pas été de tout repos. Le 19 juin 1939, 2 mois après la naissance de notre troisième enfant, ton grand-père, j'ai eu un accident dans un champ pendant que je labourais. Les bœufs se sont emballés et ma jambe droite est passée sous la charrue, elle a été déchiquetée et à l’hôpital, ils ont été obligés de me la couper1.

 

Deux mois plus tard, la deuxième guerre mondiale était déclarée. Les gendarmes sont venus me chercher car pour le gouvernement, j'étais un déserteur. Les papiers de l'hôpital n'avaient pas été transmis au service des armées. Heureusement quand ils ont vu ma jambe, ils ont rectifié de suite. A mon service militaire, j'avais été affecté au 32ème régiment d'aviation.

A la fin des années 1950, nous sommes partis dans le Jura, j'avais vu dans le journal une ferme à vendre à Aumont. Nous y avons passé tout le reste de notre vie. La ferme était grande, nous l'avons donc partagé avec un de nos fils quand il s'est marié, car c'est lui qui a repris la ferme quand ton arrière grand-mère a arrêté. Nous avons eu la chance d'avoir 22 petits-enfants et 41 arrière-petits-enfants. Nos enfants se sont tous installés dans le Jura. Malheureusement, une de nos filles est décédée d'un cancer en 1987. C'est très dur de perdre un de ses enfants. Ta mémé s'est occupée de moi jusqu'à la fin. 

Alfred est décédé le 26 novembre 1996, 2 mois après ses 91 ans. 

Voilà comment j'aurais pu interviewer mon arrière grand-père si du haut de mes 12 ans, j'avais eu le courage de lui poser toutes ces questions. Mais en réalité, entre ma timidité et la peur de sa jambe-béquille, je n'ai jamais osé.

Mon arrière-grand-mère est décédée le 5 décembre 2005, en EHPAD. 15 mois avant, une de ses petites-filles décédait, ma maman, un coup dur pour elle aussi.

Lien Arbre Geneanet

1Reprise exacte de la phrase de mon arrière-grand-père quand il nous avait parlé de son accident

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